Toute épidémie importante devient politique. La décision ayant menée l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) à faire cette déclaration a 2 explications.
1. Les facteurs médicaux
L’épidémie actuelle est toujours en cours et concerne une maladie infectieuse liée à un nouveau virus. Nous avons expliqué la différence qui existe entre une maladie et une épidémie. Le taux de mortalité tend vers les 2%. La gravité de cette maladie pouvant évoluer, dans un sens comme dans l’autre, il est donc possible que le taux de mortalité actuel surestime ou sous-estime la gravité de la maladie. Cependant, les expériences passées d’épidémies similaires permettent de dire que le taux de mortalité devrait plutôt diminuer avec le temps.
La gravité de la maladie sera, au final, déterminée par l’évolution de l’épidémie. Les mesures de santé publique prises actuellement ont pour objectif de réduire le taux de progression et la taille finale de l’épidémie.
- Moins l’épidémie est importante (c’est-à-dire plus le nombre de personnes infectées est faible), moins le nombre de malades sera important et plus la mortalité sera faible.
- Moins le volume de virus qui circule est important, moins le risque de mutation de celui-ci est grand.
- Moins l’épidémie est importante, plus il y a de chance de la voir s’éteindre naturellement. Ceci peut être influencé par les facteurs environnementaux. En effet, on sait que les infections à coronavirus meurent en général au printemps lorsque les températures et l’humidité remontent.
- Ralentir la progression d’une épidémie permet de gagner du temps pour :
- Développer des tests permettant de mieux comprendre la nature de l’infection et les méthodes optimales pour la contrôler
- Développer des traitements afin d’optimiser la prise en charge de la maladie
- Développer un vaccin, ce qui est au final, la méthode la plus efficace pour contrôler une épidémie de maladie infectieuse
2. Les facteurs politiques
La pauvreté est le facteur le plus impactant de la santé dans le monde. Les épidémies de maladies infectieuses affectent plus fortement les personnes âgées, les enfants, les personnes pauvres et les personnes immunodéprimées. Or, l’OMS doit, par ses attributions, agir pour les membres vulnérables de toutes les communautés du monde ; ses alertes de santé de portée internationale sont spécifiquement conçues pour que le financement, l’expertise et la coopération nationale ciblent ces pays aux ressources limitées ou dont le système de santé est faiblement développé. Elles ne sont pas destinées aux pays ayant une forte économie internationale.
Aussi, l’OMS s’intéressait-elle à la gravité potentielle de la maladie mais surtout à l’éventualité qu’une épidémie importante se propage au-delà des cohortes initiales de Chine, en particulier vers des pays au système de santé moins développé. Les preuves d’une transmission interhumaine en dehors de la Chine ayant suggérés une possible intensification de l’épidémie, de nombreux experts pensaient que cette alerte serait donnée plus tôt. Des facteurs politiques sont certainement entrés en jeu dans cette décision. Le directeur général de l’OMS a loué la Chine pour sa « réponse sans précédent » ainsi que pour les extraordinaires mesures de santé publiques prises.
En résumé, la déclaration d’urgence de santé publique de portée internationale faite ces jours-ci ne signifie pas une dégradation de la situation en Chine ou à Hong Kong.
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